Le mariage mixte en France
Le mariage mixte en France : état des lieux
S’il existe un certain flou au niveau des chiffres dû notamment au fait qu’en France les études statiques faisant référence à l’origine ethnique ou à la religion ne sont pas autorisées, il y a quand même quelques certitudes. Tout d’abord, le taux des mariages mixtes (que l’on entendra au sens large avec à la fois les mariages proprement dit et les concubinages où l’un des deux conjoints n’est pas juif au sens de la Halakha) est le phénomène saillant de la démographie juive française, comme d’ailleurs de toute la diaspora.
Selon le rapport « Tomorrow » de 2008 du Jewish People Policy Planning Institute de Jerusalem (www jpppi.org.il), le taux de mariages mixte et le faible taux de conversion des époux non-juifs ont induit une baisse du nombre des juifs aux Etats-Unis de 200 000 personnes entre 1970 et aujourd’hui (de 5,4 à 5,2 millions). En Grande-Bretagne les chiffres sont encore plus impressionnants de 390 000 juifs en 1970 à 297 000 en 2006 avec une projection de 238 000 en 2020. En Europe (hors ex-URSS) il est prévu que la population juive va passer de 1,3 millions à environ 1 million. En Russie et dans l’ancienne URSS la tendance est encore plus alarmante : de 2,1 millions en 1970 à 366 000 aujourd’hui, la population juive devrait être de 173 000 en 2020.
Ces données doivent être rapprochées de celles obtenues par E. Cohen dans son étude sur la population juive française effectuée pour le Fond social juif unifié en 2002 « les juifs de France, valeurs et identité », qui a fait l’objet d’une longue synthèse dans le numéro de l’Arche de décembre 2002. Le chercheur E. Cohen a évalué le taux de mariage mixte à environ 30% des unions. Le taux des concubinages mixtes serait encore plus élevé, de l’ordre de 80 %. Seuls un petit nombre de mariages mixtes seront « régulariser » par une conversion. Le phénomène tend même à s’accélérer puisque dans son rapport pour 2007 le JPPPI donne un taux de mariages mixtes de 40-45%.
Au-delà des statistiques, l’ampleur du phénomène est perceptible également au niveau individuel. Qui n’a pas dans son entourage des exemples vivants d’unions mixtes ? Il est vrai que dans nos sociétés postmodernes où l’affirmation de l'identité est facilement étiquetée de raciste, le métissage et la mixité sont considérés de façon positive voire encouragés. A cet égard, les medias, même parfois ceux de la communauté juive ne se lassent pas de monter en épingle des « célébrités » mariées avec un conjoint non-juif.
Cependant il faut être clair. Le mariage mixte est un danger pour l’avenir des juifs, du judaïsme et d’Israël. A terme la véritable conséquence du mirage mixte c’est la disparition inéluctable du peuple juif dans sa dimension religieuse. Certes il restera toujours la dimension culturelle et culinaire mais franchement on peut espérer un autre avenir pour notre identité que le duo «couscous boulettes et carpe farcie». Au plan matériel, l’augmentation des mariages mixtes s’accompagne d’un désintérêt pour Israël tant au point de vue de la philanthropie que du soutien à sa politique. En effet, les mariages mixtes et les enfants qui en sont issus ont tendance à moins s’intéresser à Israël, à moins lui donner et à se sentir moins concernés par son avenir (Voir le rapport du Jewish People Policy Planning Institute pour 2007).
Face à cette situation, plusieurs attitudes existent. Tout d’abord, il y a les indifférents, pour eux ce qui comptent c’est l’individu, ses sentiments et peu importent les conséquences sur le plan collectif. A l’opposé, il y a ceux qui considèrent que s’ils restent en ghetto le fléau les épargnera eux et leurs enfants. Il suffit donc de rester entre soi de ne pas se mêler aux juifs moins pratiquants et encore moins aux non-juifs et tout ira bien. Enfin il y a ceux qui se sentent concernés mais qui ne savent pas trop comment réagir. Partagés entre fatalisme et volontarisme, ils ne savent pas quoi proposer aux âmes en peine, aux parents dont l’enfant est sur le point de céder ou aux jeunes qui ne trouvent pas leur moitié juive et qui se disent qu’en allant voir « ailleurs » il y aura plus de choix donc plus de chance de trouver l’élu(e). Les initiatives se multiplient : sites internet de rencontres, vacances, cours, activités de toutes sortes pour tout les publics du plus orthodoxe à l’assimilé presque total. Ces initiatives sont louables mais il convient aussi d’élargir la réflexion sur le problème. Cette démarche a été notamment proposée par un rabbin américain, le rav Packouz directeur du Fond Aish HaTora pour Jérusalem à Miami. Dans son best-seller « How to prevent an intermarriage » (comment éviter un mariage mixte, Feldheim, 2004), il invite les parents à faire réfléchir leurs enfants tentés par l’expérience aux conséquences de cet acte. Il ne s’agit pas de proposer des recettes infaillibles car en la matière il n’y en a malheureusement pas. A travers une démarche pragmatique, le rav Packouz qui n’est ni un cabaliste ni un gourou veut amener les gens concernés à s’interroger sur leurs motivations et finalement à se remettre en question (www. preventintermarriage.com).